Dis, pourquoi tu vas à ESSEN ?

C’est assez drôle de nous adresser ce genre de question une fois qu’on y a mis les pieds au moins une fois dans sa vie. C’est drôle parce qu’en général, je ne sais pas trop par où commencer tellement il y a de choses à dire. Tout d’abord, cela dépend déjà de qui me pose la question, et plus exactement, si cette personne connaît les jeux de société dit modernes ou non.

Quand elle ne connaît rien de rien à ma passion et découvre que je vais en Allemagne pendant 4 jours, l’extrême bonne blague qui revient régulièrement c’est « tu vas à la fête de la bière ? » . On critique les étrangers de cataloguer les Français ronchonnant sous un béret et une baguette de pain sous le bras, mais dans notre genre, on est pas mal non plus finalement…

Je suis alors amené à expliquer qu’il s’agit d’un énorme salon sur le jeu de société, un des plus grands si ce n’est le plus grand d’europe (déjà pour situer le tableau qu’il ne s’agit pas d’une assos’ de quartier à trifouillis-les-oies pour faire une partie de Trivial Pursuit édition spéciale histoire de l’année 1984), et que des centaines, des milliers de gens passionnés s’y retrouvent chaque années tel un pèlerinage… On me regarde alors un peu de travers, sans oser rien dire, de peur de me vexer peut être. Je n’essaye pas de détailler d’avantage sauf si on me relance sur le sujet.

Quand la personne qui m’interroge connaît un peu le monde du jeu de société moderne, la réponse est tout autre. Et là, on ne sait parfois pas trop par où commencer…

Car Essen à mes yeux, c’est …

… Un cocktail de diverses choses qui forment un tout unique. C’est étrange mais de mon point de vue, chaque élément pris isolément ne justifierait pas vraiment à lui seul le déplacement et les frais associés. Mais le tout réuni fait que cela devient presque un incontournable quand on est passionné…

… Avant tout « un univers ludique», un lieu où l’on est immergé pendant 4 jours avec des gens aussi passionnés que soi. Cela fait tout drôle mais le reste de l’année, on ne parle pas trop ouvertement, à bâtons rompus du moins, de sa passion au premier venu je veux dire. Et là, le plus naturellement du monde, on parle de ça 24H/24 comme si on évoquait la pluie et le beau temps. On parle entre fondus de jeux, et tout cela est logique, devient la « normalité », et l’on s’y sent bien. Les petits soucis de la vie quotidienne sont loin, très loin, laissés en France dès que l’on monte dans la voiture qui nous emmène à Essen.

… Effectuer des rencontres avec d'autres joueurs, échanger quelques mots avec des gens que l’on croise que virtuellement sur les forums, c’est toujours sympa, ne serait-ce que pour mettre un visage sur un pseudo.

… Croiser des auteurs de jeu et se rendre compte qu’ils sont faits de chair et d’os comme nous… Et qu’il est possible de discuter ensemble : ils sont humains ! C’est dingue non !?

… cotoyer des éditeurs, qui nous lâchent parfois quelques petites informations exclusives.

… rencontrer des illustrateurs… Qui nous dédicacent nos boîtes gentiment, même après des heures et des heures de gribouillages...

… L’occasion de découvrir des nouveautés avant tout le monde, enfin ceux qui ne se déplacent pas à Essen ;-),

… L’occasion de découvrir des jeux que nous avions ratés les années précédentes et qui au détour d’une allée, nous tente tout d’un coup !

… Obtenir des versions spéciales exclusivement distribuées sur le salon.

… La possibilité de faire des achats à des prix un peu plus intéressants, que ce soit en neuf ou d’occasion. Et tenter de se freiner sur sa fièvre acheteuse quand celle-ci semble devenir incontrôlable.

… Dénicher des jeux qui ne sont plus trouvables aisément, voir plus édités du tout.

… Vivre un engouement pour des buzz pendant le salon, écouter ce qui se dit et se rendre compte qu’il y a une petite perle à tester absolument au détour d’un stand reclus à l’autre bout du salon…

… Découvrir un jeu magnifique alors qu’on ne s’y attendait pas, surtout après la découverte des règles qui nous auront été expliquées parfois dans un anglais approximatif, par un allemand qui en sera à sa 167ième explication de règle en 4 jours…

… Arpenter des allées regorgées de stand de divers éditeurs, des plus connus aux plus exotiques, remplis de joueurs attendant avec impatience de pouvoir tester à leur tour les jeux présentés en démonstration.

… Admirer le stand Amigo qui a des critères de recrutement de ses hôtesses assez étonnants ;-)

… Se rendre compte que le temps passe déplorablement vite, trop vite et que 4 jours, c’est toujours trop court quand on a attendu une année entière avant que l’événement revienne.

… Se rendre compte qu’on est aussi content que ça se termine car au bout de 4 jours intenses, on est un peu lessivé…

 

Et tout ça, c'est déjà pour demain... ;-)