Thurn und Taxis : une course incomprise ?
-o- Fiche rédigée après plus de 30 parties jouées -o-
 | Course multi-objectifs | 2 à 4 Joueurs | ~50mn | 3,05 / 5 | |
| Diversité & profondeur |  | Adapation & interactivité |  | ||
| Rebondissements | | Originalité globale | | ||
| Continuité Game-Play | | Ambiance & Jubilation | | ||
| Thème fort / mécanique |  | Absence de hasard | | ||
| Configuration nb joueur | | Accessibilité |  | ||
| Diversité et profondeur (poids 3) | |||||
| Thurn und Taxis propose une mécanique assez simple à la base... Et c'est peut être, en partie, ce qui a généré un accueil plutôt mitigé dans les réactions que j'ai pu lire ou entrevoir. A son tour, on dispose de 3 actions : 1/ on doit piocher une carte, 2/ on doit poser une carte (pour étendre un parcours déjà commencé ou pour en débuter un nouveau qui annulera/remplacera le précédent), 3/ on peut valider un parcours (à partir de 3 villes reliées).  A ces actions de base, s'ajoutent la possibilité d'utiliser une action bonus (parmis 4 possibles) par tour, venant globalement renforcer le pouvoir d'une des 3 actions précédemment évoquées.On peut se sentir à l'étroit dans ce cadre, mais comme à son habitude, Seythart préfère attirer l'attention des joueurs sur l'optimisation fine de ses coups, plutôt que de proposer une palette énorme de possibilités qui peut parfois d'avantage noyer les joueurs que de leur procurer une sensation de liberté. Ceci étant, par rapport à certains poids lourds ludiques, Thurn und Taxis peut sembler léger, très léger dans sa mécanique. Il ne faut pas y voir là un défaut, mais une caractéristique du jeu, qui semble être dans la mouvance actuelle des jeux allemands. En clair, on sent bien que ce style est relativement bien ciblé pour le Spiel des Jahres. Le renouvellement des parties, ce n'est pas sur ce point que Thurn und Taxis cherche à se démarquer des autres. Mais alors, où se trouve l'intérêt ? J'y viens... | |||||
| Adaptation & interactivité (poids 3) | |||||
 Voilà un point qui me semble crucial dans la bonne appréhension de Thurn und Taxis. Je pense que beaucoup de joueurs sont désormais habitués à de l'interaction directe. J'entends par directe la possibilité d'agir frontalement, et de manière très visible : je réalise une action qui pénalise un joueur en particulier.Seythart, dans Puerto Rico, avait déjà joué d'avantage sur le velours que les jeux de l'époque. On parlait en effet de meuterer, verrater ou bien encore de citadelles : ces jeux ont en effet la caractéristique commune de proposer aux joueurs de choisir un personnage pour réaliser une action personnelle, pouvant bien souvent venir pénaliser un adversaire (je vole, je tue, je mutine, je détruis, etc...). Dans Puerto Rico, c'était plutôt : je choisis un personnage (dont tous les joueurs allaient pouvoir réaliser l'action associée) dans l'optique qu'il propose le moins d'intérêt possible à mes adversaires. L'accueil réservé à Puerto Rico (au début en tout cas) fût délicat : on lisait souvent qu'il s'agissait de la réutilisation habiles de mécaniques existantes d'une part (certes très bien dosée), que l'interaction était moins forte que dans d'autres jeux connus d'autres part... Pour moi, cette interaction se manifeste différemment, notamment en étant moins directe, et donc plus subtile à mes yeux... et tant mieux pour la diversité ludique !  J'aurais tendance à faire un parallèle pour Thurn und Taxis. On cherche visiblement à le comparer à des jeux comme les aventuriers du rail : je pioche, je construis, je réalise des trajets dans l'optique de relier des villes... C'est quelque peu réducteur à mon avis de voir Thurn und Taxis sous cet angle. Thurn und Taxis n'est pas un jeu où l'on cherche à réaliser des objectifs de trajet (un jeu de parcours), mais il s'agit fondamentalement d'un jeu de ... courseS.Ce sont bien DES courseS aux bonus (attribués pour diverses configurations réalisées) dans lesquelles s'engage les joueurs. Il ne vous sera pas possible de bloquer un joueur dans la réalisation d'un parcours (éventuellement, le gêner dans la prise de carte, mais cela ne va pas au delà).  Non, là où vous aller interagir, c'est en gagnant un bonus "devant" un autre joueur, vous permettant d'affaiblir le dit bonus que cet adversaire récoltera (à chaque fois qu'un bonus est remporté, sa valeur pour le prochain joueur qui le gagnera est baissé d'un point). Vous ne pourrez pas courir tous les lièvres à la fois. Vous devrez faire en fonction de ce que font vos adversaires, ainsi que du tirage de carte. Et au final, cela ne se jouera pas à coup de pelletées démentielles de points, mais à 2 ou 3 points qui feront toute la différence pour remporter la victoire.L'intérraction est bien là, dans la course aux bonus, en ciblant ceux que vous allez pouvoir obtenir AVANT les autres joueurs. Du coup, ce n'est pas tant sur le plateau (très visuel) que se déroule la bagarre entre les joueurs, mais bien sur les piles de bonus placées en bordure de plateau, qui fondent comme neige au soleil, que votre attention doit être portée. Si en jouant vos première parties à Thurn und Taxis, vous n'éprouvez pas un réel plaisir et que de surcroît vous ne comprenez pas trop pourquoi vous n'avez pas gagné, il est fort probable que vous n'avez pas concentré votre attention sur cette course au bonus. | |||||
| Rebondissements (poids 3) | |||||
 On ne peut pas réellement parler de rebondissement dans Thurn und Taxis. Il peut y avoir de la prise de risque pour atteindre certains objectifs, en tentant des parcours particuliers.Dans certains cas, vous risquez de perdre votre parcours à trop vouloir tenter le diable. Du coup, plus vous connaitrez le jeu, plus vous parviendrez à gérer / maîtriser vos parcours, et surtout leur enchaînement. Le chaos peut être généré éventuellement par un joueur non expérimenté qui peut potentiellement choisir de renouveller les 6 cartes trop souvent, et de fait rendre la programmation de prise de carte délicate pour les autres joueurs (si ces derniers ne savent justement pas préparer leurs futurs parcours). Mais bon, cela se gère d'une part, et d'autre part, un joueur qui utilise trop souvent cette action bonus illustre probablement une mauvaise gestion de la construction de ses parcours : autrement dit, cela devrait être un défaut qui se corrige au fil du temps pour ce joueur. Par ailleurs, même si on peut pré-sentir qui a pris de bonnes options pour la courses à la victoire, il n'en reste pas moins que tous les bonus remportés sont placés face cachés devant chaque joueur. Donc exceptés les bureaux de poste restant à constuire ainsi que le niveau de calèche, il y aura toujours un petit doute quand aux scores précis de chacun... a moins que vous ne jouiez en mode total-memory, chose que personnellement, je n'aurais pas envie de faire dans ce jeu qui invite plutôt à l'instinct. | |||||
| Originalité globale (poids 2) | |||||
| Comme précédemment évoqué, l'originalité du jeu ne se voit pas de prime à bord puisqu'on aura tendance à vouloir le comparer (à tort de mon point de vue) à d'autres références existantes. Certes, ce n'est pas une révolution dans ce style de jeu, encore que, un jeu de course de ce type, où l'on cours plusieurs lièvres à la fois, je n'en connais pas tant que cela finalement. | |||||
| Continuité Game-Play (poids 2) | |||||
| C'est un jeu à tours séquentiels, pour 4 joueurs maximum. Une fois le jeu maîtrisé au bout de deux ou trois parties, les tours de jeu peuvent être très rapides et fluides. Plus encore que Sankt Petersburg puisqu'il n'y a pas de calcul mental pour la gestion d'une quelconque ressource. Bref, mise à part les parties de découverte, pas de réel temps mort dans une partie, ce que j'apprécie particulièrement. | |||||
| Ambiance & Jubilation (poids 2) | |||||
 A bien y réfléchir, j'aurais tendance à rapprocher l'ambiance et la tension que génère Thurn und Taxis d'avantage d'un Transamérica.Il n'y a pas de coup énorme, mais plus une gestion fine du petit plus qui fera la différence d'avec ses adversaires. Encore une fois, cela pourra gêner les joueurs qui préfèrent mettre une grande baffe à un adversaire gênant plutôt que de lui tirer la langue poliement en lui chapardant au nez et à sa barbe un bonus qu'il lorgnait... | |||||
| Thème fort / mécanique (poids 2) | |||||
| Il s'agit ici de bâtir un réseau de poste. Plus vous vous implanterez de manière rapide dans différentes régions (pour les relier entre elles, ou au contraire bien desservir toutes les villes d'une même région, etc...) plus vous allez satisfaire la clientèle et donc récolter des bonus importants (puisque vous serez le premier à proposer ce service postal). De part ce système de bonus, de part le matériel ainsi que la mécanique, j'estime par conséquent que le jeu colle très bien à son thème. | |||||
| Maîtrise du hasard (poids 1) | |||||
 On vient là encore dans le genre de point de discorde habituel. Oui il y a des cartes à tirer dans une pioche... Oui si vous n'avez pas sû anticiper correctement vos parcours vous risquez de rager dans ce tirage... Oui un joueur peut avoir de la réussite dans ce tirage de cartes qui peut vous faire tiquer quand vous n'arrivez pas à obtenir la fameuse ville qui vous manque...Mais encore une fois, les jeux qui permettent de savoir systématiquement qui va gagner avant de commencer une partie, je n'en vois pas trop l'intérêt. Il faut bien cette dose de hasard au tirage permettant à chacun d'espérer pouvoir l'emporter. Ici, il va falloir gérer au mieux ce tirage de carte, être opportuniste, attentif à ce que ciblent ses adversaires (en terme de bonus, et donc de cartes ville recherchée, etc...). Bref, la présence de ce tirage est à appréhender comme une composante participant intégralement au jeu. Certes les tirages vont parfois avantager un joueur plus qu'un autre, mais on ne pourra pas se plaindre d'avoir eu une malchance tout au long de la partie : si d'autres joueurs ont su mieux gérer que vous, il ne faudra pas s'en prendre systématiquement à un mauvais tirage personnel (même si je ne suis pas totalement d'accord, je peux comprendre que cette réflexion soit d'avantage suggérée à San Juan par exemple). | |||||
| Configuration nb joueur (poids 1) | |||||
| Si le jeu garde son intérêt de 2 à 4 joueurs, je le préfère pour le moment néanmoins à 3 ou 4 joueurs. En effet, il s'agit d'une course aux bonus (oui je sais, je me répète), et justement, le fait d'être plus nombreux vous obligera à prioriser de manière plus tranchée vos objectifs de parcours en fonction des parcours adverses. A vous de voir si vous souhaitez vous battre sur certains bonus, ou au contraire vous éloigner en installant vos bureaux de poste à des endroits où vous serez certains de remporter les bonus en premier. | |||||
| Accessibilité (poids 1) | |||||
| Il s'agit d'un des gros points forts de Thurn und Taxis pour un jeu pas si simpliste que cela. Il concourt dans la bonne catégorie pour le Spiel des Jahres justement. Bien qu'il faudra quelques tours, voir une partie ou deux complètes pour se sentir vraiment à l'aise, Thurn und Taxis propose une remarquable simplicité de jeu qui ne vous prendra pas la tête et parviendra peut être à vous rendre accro. | |||||
| En compléments | |||||
| Quelques mots sur le matériel Le matériel est d'excellente facture, comme Hans im Glück ont l'habitude de nous proposer. Très lisible, très joli dans le genre un peu rétro, matériel de bonne qualité / tenue. Rien à redire. Un modèle du genre. Il faudra juste se familiariser un peu avec le positionnement des villes sur le plateau.  J'en ai déjà parlé dans les précédents points abordés. En voilà donc une synthèse... Dans la mécanique et les objectifs, je ne le comparerais pas aux aventuriers du rails comme beaucoup le font. Cela détourne l'attention du système central du jeu qui est avant tout une course et non un jeu de pose /parcours / blocage comme l'est LADR. Si dans LADR, vous aimez pouvoir bloquer vos adversaires, ne vous attendez pas à retrouver ce système dans TuT. Certes, on pioche et on pose des cartes pour former des séquences. Après, chacun y voit les similitudes qu'il veut. Dans la simplicité, la fluidité, les écarts très réduits de points observés entre les joueurs, ou bien encore dans le genre de tension générée, je le rapprocherais d'avantage d'un Transamérica. Je crains qu'en disant cela, je fasse d'avantage fuir plutôt que d'attiser la curiosité, mais je maintiens. Je ne serais d'ailleurs pas surpris que ceux qui apprécieraient TuT sans connaître Transamerica, se laissent séduire par ce dernier. On a déjà évoqué un rapprochement avec Kardinal & König... Certes, des points sont attribués en fonction de l'occupation des régions : mais dans K&K, le placement de chaque pions influe sur ses gains perso et ceux adverses de manière assez élaborée. Dans TuT, il s'agit d'une course, et l'occupation des régions engendre des calculs tout de même moins subtiles que dans K&K. Cela ne veut pas dire qu'il est de fait moins intéressant, mais tout simplement que l'intérêt du jeu ne se situe pas dans des combinaisons élaborées de placement et d'alliances engendrées, mais plutôt dans la chronologie relative entre le placements des bureaux de postes des joueurs. Les éventuels regretsMise à part la localisation dans les premières parties des villes, je n'en ai pas réellement trouvé. Eventuellement que le jeu ne soit peut être pas proposer pour d'avantage de joueur. Mais je suppose qu'au delà, le plateau deviendrait illisible, et donc la concentration sur les bonus serait trop délicate à gérer.  La mayonnaise prend admirablement bien à partir du moment on l'on ne prend pas Thurn und Taxis pour ce qu'il n'est pas.Les côtés addictif, fluide, rapide et accessible du jeu devrait intéresser un grand nombre de joueurs qui préfèrent notamment une intéraction moins "rentre dedans", plus subtile, moins agressive mais néanmoins bien présente. Un jeu qui de par ces aspects peut sembler plus familial, bien dans la mouvance actuelle, et par la même, très bien placé dans la course au spiel. Pour le moment, c'est en tout cas mon petit coup de coeur de ce second trimestre 2006. | |||||
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